C'est ce que Luc m'a répondu quand, à une heure du matin, je le réveille pour lui dire que le voilier commence à pencher d'une façon inquiétante!
Je m'étais levée vers minuit et demie pour aller à la toilette et j'entendais le plancher craquer. Je retourne me coucher, mais incapable de m'endormir. Luc m'avait dit: "Il se peut qu'on s'échoue." Mais ne sachant pas trop à quoi m'attendre, bien j'ai l'imagination fertile, disons.
Je décide de lire un peu pour me changer les idées, mais là, je sens qu'on penche. Je sors. Je regarde le profondimètre: 4,5pi!!! Ça ne va pas!!! J'attends tout de même, mais à 1h30, là, je n'ai pas pu m'empêcher de réveiller Luc.
En une demie heure, le bateau a pris un angle d'au moins 45-50°! On faisait du rappel sur le pont de notre voilier! Pour moi, pas question d'entrer dans le bateau! Si j'entre, je n'aurai pas d'autre choix que d'aller du côté le plus bas et ça pourrait nous faire pencher encore plus!
Luc décide donc de m'accompagner au clair de lune. C'est là qu'il me dit: "C'est une situation idéale pour échouer. Un beau claire de lune, la mer est d'huile, pas de vent, pas froid, personne malade. Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre et observer."
C'est ce qu'on a fait, bien assis sur le pont. Luc est allé chercher nos chaises de camping pour qu'on soit plus confortables et nos manteaux, car à 3h, ça devenait frisquet. Une petite brise s'était levée.
On a observé la marée qui descendait et la rive se rapprocher du voilier... Je n'en reviens tout simplement pas! Tellement penché! Mais il y a une limite et le bateau, à une certaine étape, ne penche plus, il est bien enfoncé dans la vase.
On a observé la marée remonter... jusqu'à l'attaque des maringouins! C'était le party pour eux et nous, comme on avait un peu froid, on a décidé d'entrer. L'eau continuait à monter et là je me disais: "Et si on restait succionné dans la vase et l'eau continue de monter... ça va venir dans le bateau!" Mais non, tout s'est passé en douceur et en une demi-heure, entre 5h et 5h30, le bateau était revenu en position normale.
L'heure du petit déjeuner... et tout d'un coup, on entend un bruit sourd, comme un moteur. Mais non, c'était le bateau qui se virait nez face à la marée montante et la quille frottait au fond! C'est bon, on flotte vraiment. On attend le niveau d'eau et d'un commun accord, on décide qu'on part après le déjeuner.
Alors à l'Île au Canot, il y a deux bouées où on peut s'ancrer pour se protéger des vents d'Ouest: une en face de la maison des Lachance et l'autre plus à l'Est. Celle qu'on a pris était celle en face de la maison.
J'ai beaucoup appris de cette situation hors de l'ordinaire: la prochaine fois, si l'autre bouée n'est pas disponible, on va s'ancrer dans le milieu. S'échouer, n'est pas toujours une situation dramatique et désastreuses!